Pas de règles, mais des pertes blanches : ce que cela signifie
Vous constatez un retard de règles alors que vous avez des pertes blanches abondantes ? Cette situation courante peut prêter à confusion et susciter des inquiétudes. Rassurez-vous, l’absence de menstruations accompagnée de pertes vaginales blanches n’est pas toujours synonyme de grossesse ou de problème grave. Dans cet article, nous allons analyser les causes possibles de ce phénomène et vous guider sur la marche à suivre.
Qu’est-ce que les pertes blanches ?
Les pertes blanches, aussi appelées leucorrhées ou glaire cervicale, sont des sécrétions vaginales naturelles produites par le col de l’utérus. Elles jouent un rôle important dans la bonne santé de l’appareil reproducteur féminin. En effet, ces sécrétions aident à nettoyer le vagin en évacuant cellules mortes et impuretés, tout en maintenant son hydratation et son équilibre microbiologique.
Les pertes blanches normales sont généralement claires ou blanc laiteux, d’odeur neutre, et ne provoquent ni irritations ni douleurs. Elles évoluent au fil du cycle menstruel sous l’influence des hormones œstrogènes et progestérone : par exemple,
- Autour de l’ovulation : la glaire cervicale devient plus abondante, fluide et élastique pour faciliter le passage des spermatozoïdes.
- En phase lutéale (après l’ovulation), la progestérone prend le relais et rend les pertes plus épaisses ou plus sèches.
Ces fluctuations sont tout à fait normales et sont même un signe de bonne santé gynécologique. Il est donc important de savoir distinguer des pertes blanches physiologiques d’éventuels écoulements anormaux.
Attention : si vos pertes changent d’aspect (couleur jaunâtre, verdâtre) ou d’odeur, s’accompagnent de démangeaisons, de brûlures ou de fièvre, il peut s’agir d’une infection et une consultation médicale s’impose.
Absence de règles et pertes blanches : quelles causes possibles ?
Plusieurs situations peuvent expliquer le fait de ne pas avoir ses règles tout en observant des pertes blanches. La première étape est d’exclure une grossesse, mais ce n’est pas l’unique explication. Voici les causes principales à considérer, allant des plus courantes aux plus spécifiques.
La grossesse, premier réflexe à vérifier
Un retard de règles associé à des pertes blanches épaisses peut être l’un des premiers signes d’une grossesse débutante. Sous l’effet de la fécondation et de la hausse des hormones de grossesse, le col de l’utérus se modifie et produit davantage de glaire cervicale protectrice. De nombreuses femmes enceintes remarquent ainsi dès les premières semaines une augmentation des pertes vaginales, qui deviennent souvent blanchâtres ou laiteuses, plutôt fluides et sans odeur particulière.
Selon une source médicale, ces changements peuvent débuter une à deux semaines après la conception, donc même avant la date prévue des règles. Ce phénomène, appelé leucorrhée de la grossesse, est tout à fait normal et résulte de l’augmentation des œstrogènes et de la progestérone, ainsi que du ramollissement du col qui entraîne une production de mucus supplémentaire pour prévenir les infections
Il est important de souligner que chaque femme est différente et que tous les signes de grossesse ne se manifestent pas chez tout le monde. Néanmoins, l’absence de menstruation reste souvent le symptôme le plus évident. En cas de doute, effectuez un test de grossesse dès le premier jour de retard des règles. Si le test est positif, consultez un professionnel de santé pour débuter votre suivi de grossesse. Si le test est négatif, d’autres facteurs peuvent expliquer l’aménorrhée (absence de règles) accompagnée de pertes blanches, comme nous allons le voir.
Un cycle anovulatoire ponctuel
Il est possible d’avoir un retard de règles sans cause pathologique, simplement parce que vous avez eu un cycle anovulatoire (un cycle où aucune ovulation n’a eu lieu).
Dans ce cas, l’équilibre hormonal du cycle est modifié et l’endomètre peut ne pas se développer suffisamment pour provoquer des menstruations. Les cycles anovulatoires surviennent occasionnellement chez de nombreuses femmes, souvent sous l’effet de changements hormonaux bénins, et ce n’est généralement pas grave si cela reste ponctuel.
On considère qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure si l’absence de règles ne dure qu’un à deux mois ( au délai nous vous conseillons de consulter un médecin) . Durant un cycle anovulatoire, il est possible d’observer tout de même des pertes blanches liées aux fluctuations hormonales résiduelles. En effet, même sans ovulation, le corps peut sécréter un peu d’œstrogènes qui stimulent la glaire cervicale. Résultat : vos sous-vêtements peuvent présenter des traces de leucorrhée alors que vos règles n’arrivent pas. Si ces cycles sans ovulation se répètent fréquemment, il faudra en chercher la cause avec un médecin, mais un épisode isolé peut simplement être dû au hasard du cycle.
La contraception hormonale
Si vous utilisez une contraception hormonale (pilule contraceptive, implant, injection, stérilet hormonal…), cela peut tout à fait expliquer l’absence de règles alors que des pertes blanches persistent.
Ces méthodes agissent en modifiant le cycle hormonal naturel : la pilule oestro-progestative, par exemple, met les ovaires au repos et empêche l’ovulation. De même, les dispositifs intra-utérins (DIU) au lévonorgestrel entraînent un amincissement de la muqueuse utérine et une diminution des saignements menstruels. Il n’est donc pas rare qu’une femme sous contraception hormonale n’ait plus de vraies règles (on parle d’aménorrhée induite), tout en continuant à produire de la glaire cervicale. En effet, ces contraceptifs ne suppriment pas la sécrétion de mucus : au contraire, certains augmentent même sa viscosité pour empêcher les spermatozoïdes de passer.
Par exemple, les données cliniques montrent qu’avec un stérilet hormonal type Mirena®, environ 44 % des utilisatrices n’ont plus de menstruations après 16 mois, ce chiffre atteignant 50 % après 2 ans.Ce phénomène est attendu et sans danger. De même, la pilule en continu ou l’implant contraceptif provoquent souvent l’absence de règles sur le long terme. Si vous venez d’arrêter la pilule récemment, sachez qu’il est également fréquent que les règles mettent quelques semaines à quelques mois avant de revenir spontanément. En résumé, si vous êtes sous contraception hormonale, l’aménorrhée avec pertes blanches est généralement normale. Il convient toutefois d’en parler à votre médecin ou gynécologue lors du suivi, surtout si cela vous inquiète ou en cas de symptômes inhabituels.
Le stress, les émotions et le mode de vie
Le stress physique ou psychologique intense est un facteur reconnu qui peut perturber le cycle menstruel. Un choc émotionnel, une période de surmenage, un changement brutal de mode de vie ou un entraînement sportif excessif sont autant de stress pour l’organisme. Le stress provoque en effet l’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, aboutissant à une libération accrue de cortisol (l’hormone du stress) et de CRH.Or, un taux élevé de cortisol peut dérégler la production des hormones reproductrices (comme la GnRH, la LH et la FSH), nécessaires à l’ovulation.
Conséquence : le cycle peut devenir irrégulier, voire aboutir à une aménorrhée fonctionnelle(absence de règles due au stress). Des études ont montré par exemple que les femmes souffrant d’aménorrhée hypothalamique (souvent liée au stress ou à un exercice intensif) présentent des profils de cortisol différents de ceux de femmes en bonne santé, suggérant l’implication de cette hormone dans le blocage de l’ovulation. De même, des situations extrêmes illustrent cet effet : une étude menée en 2023 sur de jeunes femmes vivant en contexte de guerre a observé un taux élevé de troubles menstruels (règles irrégulières, douloureuses ou absentes) comparé à la normale.
Le stress chronique peut donc expliquer qu’une femme n’ait pas ses règles pendant un temps, alors même que des pertes blanches continuent d’apparaître. En effet, l’aménorrhée induite par le stress n’est pas systématiquement synonyme d’absence totale d’activité ovarienne : il arrive que des ovulations sporadiques ou des fluctuations hormonales partielles subsistent. Les pertes blanches, sous l’influence résiduelle de la progestérone et des œstrogènes, peuvent alors persister malgré l’absence de saignement menstruel. Si vous traversez une période de stress important, votre corps peut en effet « mettre en pause » la fonction reproductive – un mécanisme ancestral de survie – tout en maintenant une certaine production hormonale.
D’autres aspects du mode de vie rejoignent l’effet du stress sur les règles. Une pratique sportive intensive (par exemple chez les athlètes de haut niveau) est souvent associée à des aménorrhées. Le mécanisme est similaire : le corps subit un stress physique et économise de l’énergie en bloquant l’ovulation. Un poids corporel très bas ou une perte de poids rapide, notamment en cas de troubles alimentaires comme l’anorexie mentale, peuvent également provoquer l’arrêt des règles car l’organisme manque de ressources pour assurer la fonction menstruelle Dans toutes ces situations, il est possible d’observer des sécrétions vaginales claires, signes que le vagin et le col continuent à fonctionner en partie.
En résumé, votre équilibre émotionnel et physique influence directement votre cycle. Une vie très stressante ou un changement important (déménagement, examens, deuil, entraînement intensif) peuvent suffire à expliquer un retard de règles temporaire. Prendre soin de son hygiène de vie, de son alimentation et veiller à conserver un poids santé sont des facteurs importants pour un cycle régulier.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) et autres troubles hormonaux
Certaines conditions médicales peuvent être en cause lorsqu’on n’a pas ses règles mais des pertes blanches. En premier lieu, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une affection hormonale fréquente chez les femmes en âge de procréer. Le SOPK se caractérise par un déséquilibre hormonal (excès d’androgènes, ovulation irrégulière) et il peut provoquer des cycles très espacés, voire des absences de règles pendant plusieurs mois. Si vous souffrez de SOPK, il est donc possible d’avoir de la leucorrhée (car les œstrogènes peuvent être présents par intermittence) sans menstruations régulières. Des recherches suggèrent même que le SOPK s’accompagne de modifications de la glaire cervicale : dans une étude, on a constaté que l’élasticité des sécrétions cervicales était anormale chez des femmes atteintes de SOPKh Autrement dit, la qualité des pertes vaginales peut être altérée par ce syndrome, en plus des troubles du cycle.
D’autres troubles endocriniens peuvent entraîner une aménorrhée accompagnée de pertes blanches.
Un taux de prolactine anormalement élevé (hyperprolactinémie), par exemple dû à un petit adénome de l’hypophyse, peut bloquer l’ovulation et les règles. La prolactine est l’hormone de la lactation ; produite en excès hors allaitement, elle perturbe le cycle féminin et provoque parfois un écoulement lactescent au niveau des seins.
Des déséquilibres de la thyroïde (hypothyroïdie sévère en particulier) sont également connus pour dérégler les cycles menstruels. Par ailleurs, une ménopause précoce (insuffisance ovarienne prématurée) peut se manifester par l’arrêt des règles avant 40 ans. Dans ce cas, les ovaires cessent de fonctionner et les œstrogènes chutent, ce qui entraîne généralement une sécheresse vaginale plutôt qu’une leucorrhée, mais les débuts de la ménopause peuvent être irréguliers. Enfin, certains traitements médicaux (ex : traitements pour des troubles psychiatriques, chimiothérapies) peuvent induire une aménorrhée comme effet secondaire
Comme on le voit, de nombreuses causes médicales peuvent être à l’origine d’une absence de règles. La bonne nouvelle, c’est qu’une aménorrhée inexpliquée mérite toujours une évaluation, afin d’identifier le problème sous-jacent et de le prendre en charge si nécessaire. La présence de pertes blanches indique simplement que votre col de l’utérus reste actif sous influence hormonale, mais c’est le contexte global (âge, contraception, symptômes associés, antécédents...) qui orientera le diagnostic exact.
Que faire en cas d’absence de règles avec pertes blanches ?
Face à cette situation, voici les étapes conseillées pour réagir de manière adaptée :
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Vérifiez l’éventualité d’une grossesse. Dès que vous constatez un retard de règles, la priorité est d’exclure ou de confirmer une grossesse. Faites un test de grossesse urinaire vendu en pharmacie, de préférence avec les premières urines du matin pour plus de fiabilité. Si le test est positif, prenez rendez-vous avec un professionnel de santé (médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme) pour démarrer le suivi de grossesse. S’il est négatif, et que vos règles n’arrivent toujours pas, répétez un test une semaine plus tard pour plus de sécurité, ou faites une prise de sang (dosage de l’hormone β-HCG) qui donnera un résultat fiable à 100%
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Observez vos symptômes et votre contexte. Posez-vous les bonnes questions : Avez-vous récemment vécu un stress important ou une émotion forte ? Avez-vous changé de contraception, arrêté la pilule ou un traitement hormonal ? Suivez-vous un entraînement sportif intensif ou un régime amaigrissant strict ? Ces éléments de contexte peuvent orienter la cause de votre aménorrhée. Par exemple, si vous avez repris une pilule en continu, l’absence de règles est un effet attendu. Si vous avez couru un marathon ou subi un choc émotionnel, le stress peut être en cause. Écoutez votre corps : des signes comme des bouffées de chaleur (évoquant un déficit en œstrogènes), une prise ou perte de poids rapide, de l’acné ou une pilosité excessive (plutôt évocateurs du SOPK) sont autant d’indices à communiquer à votre médecin.
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Consultez un professionnel de santé si l’absence de règles se prolonge. Les spécialistes estiment qu’au-delà de trois mois consécutifs sans règles, en dehors d’une grossesse, une évaluation médicale s’impose. N’hésitez pas à prendre rendez-vous avec un gynécologue ou votre médecin généraliste. Lors de la consultation, indiquez depuis quand vos règles ont disparu et mentionnez la présence de pertes blanches ainsi que tout autre symptôme. Le médecin pourra alors vous proposer des examens pour éclaircir la situation : bilan sanguin hormonal (dosage des hormones sexuelles, de la prolactine, hormones thyroïdiennes, etc.), échographie pelvienne pour visualiser l’état de vos ovaires et de votre utérus, voire une IRM ou un examen plus poussé si une cause rare est suspectée.
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Surveillez vos pertes blanches et votre hygiène intime. Tant que vos pertes restent blanches/translucides, sans odeur forte ni irritation, il s’agit a priori de leucorrhée normale. Continuez d’adopter une bonne hygiène intime (toilette douce une fois par jour avec un produit au pH adapté, pas de douches vaginales agressives). Le port de protège-slips peut aider à se sentir au sec si les pertes sont très abondantes, mais veillez à les changer régulièrement pour éviter la macération. Attention à toute modification inhabituelle des pertes.
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Adoptez de bonnes habitudes pour rééquilibrer votre cycle. En attendant le retour de vos règles, vous pouvez agir sur certains facteurs. Si le stress est un élément déclencheur dans votre cas, essayez d’intégrer des techniques de gestion du stress au quotidien : exercices de respiration, méditation, yoga, sommeil suffisant et nos compléments pour la réduction du stress .. Ces pratiques aident à faire baisser le cortisol et peuvent favoriser le retour d’un équilibre hormonal.
Veillez également à avoir une alimentation équilibrée et suffisamment calorique. Des déficits en nutriments (oméga-3, fer, magnésium, vitamines) ou une perte de poids trop rapide peuvent perturber le cycle menstruel. Privilégiez les aliments riches en fer (légumes verts, lentilles, viandes rouges), en calcium et en bonnes graisses pour soutenir votre organisme. Enfin, pratiquez une activité physique modérée : ni excès de sport, ni sédentarité totale. L’objectif est de maintenir un poids de forme et de réguler les hormones du stress. Par exemple, si vous faisiez du sport de manière intensive et que vos règles ont disparu, réduisez un peu la cadence – à l’inverse, un peu d’exercice peut aider si vous étiez très sédentaire Chaque corps est unique, mais un mode de vie sain contribue toujours à un meilleur équilibre hormonal.
En conclusion : écoutez votre corps et n’hésitez pas à consulter
Ne pas avoir ses règles tout en ayant des pertes blanches peut être déroutant, mais ce n’est pas forcément alarmant. Cela peut traduire un changement naturel (comme une grossesse ou l’effet d’une contraception) ou un déséquilibre transitoire lié au stress ou à un cycle anovulatoire ponctuel. L’essentiel est de rester à l’écoute de vos symptômes et de votre ressenti. En cas de doute persistant, un avis médical est indispensable : votre professionnel de santé saura identifier la cause de votre aménorrhée et vous proposer un traitement si nécessaire. Dans de nombreux cas, de simples ajustements (réduction du stress, adaptation de la contraception, traitement hormonal doux) suffisent à remettre le cycle sur les rails et à vous rassurer.